Kawah Ijen

(GMT +6)

Nous repartons de notre paysage lunaire, mais remarquons bien vite que les déplacements ne sont pas aisés en Indonésie.
Nous entrons dans un bus et des gens tentent de nous faire payer un prix exorbitant pour le trajet. Ils sont tour à tour rabatteur, contrôleur et même chauffeur de bus. Fort de notre petite équipe, nous refusons. Ils s’énervent et nous demandent de sortir du véhicule. Voyant que personne n’a encore payé, nous restons ferme et ne bougeons pas de nos sièges. Jusqu’au dernier moment, ils essaient de nous intimider. Puis le bus part (conduit par le vrai chauffeur) et le (vrai) contrôleur nous demande moins d’un quart du prix (initialement demandé)…

Émerveillés par notre première « expérience volcanique », nous décidons de repartir le soir même sur un second volcan. Cette fois nous prenons un guide car la montagne est en activité depuis quelques jours.
Nous partons à minuit et marchons jusqu’au sommet. Nous descendons ensuite gentiment dans le cratère pour apercevoir les fameuses flammes bleues (produites par la combustion du souffre).
Là, nous faisons une découverte stupéfiante. Des hommes sont au fond du cratère, alors que le soleil n’est même pas encore levé, et brisent la roche à coup de pioche pour en détacher le souffre.

D’un coup, l’atmosphère devient irrespirable. Une bulle de gaze de souffre à éclatée dans le lac et le cratère se rempli très vite d’un air nauséabond.
Nous remontons aussi vite que nous pouvons, mais l’ascension est difficile. Le sentier est escarpé et glissant, la vision est mauvaise tant la fumée est opaque et nous avons de la peine à respirer…

Nous ressortons tant bien que mal de cet enfer!

Les porteurs de souffre, quant à eux, continuent leur travail de fourmis: ils détachent de gros morceaux de souffre, les hissent en haut du cratère et les redescendent jusqu’en bas de la montagne. Ils portent entre 60 et 90 kilogrammes sur leurs épaules.
Ils ont entre 16 et 60 ans, travaillent en sandales et sans protection respiratoire dans des conditions incroyables.
Nous avons la chance de pouvoir visiter leur « dortoir » (qui ressemble plutôt à une écurie en ruine) et de discuter avec eux.
La plupart d’entre eux viennent ici par tranche de deux mois et portent deux charges de 90 kilo par jours. Ils sont payé 50 000 roupilles par charge de 60 kilos (c’est à dire moins de 5 sfr). Il n’ont bien entendu pas de vacances (ou de weekend) payé et aucune assurance…
Ils fument beaucoup de « kretek » (cigarettes au clou de girofle) et nous expliquent que cela adoucit leur gorge irritée par les gazes sulfuriques…

Ces porteurs de souffre nous impressionnent et nous percevons dans leur travail une métaphore de nos vies occidentales: chaque jour nous nous aventurons nous aussi dans les profondeurs de l’inconnu pour en décrocher des responsabilités que nous portons quelques temps sur le chemin de nos vies en espérant les déposer rapidement pour en reprendre de nouvelles. Chaque charge représente alors un enrichissement.
Mais quand dans la difficulté, nous peinons parfois à rester positif, les porteurs indonésiens gardent toujours le sourire, même après plus de 40 années de labeur…
C’est une sacré leçon de vie!

Nous repartons de là remplis d’émotions…
Même si nous avons rencontré ces gens et vu leur travail de nos propres yeux, cela nous paraît toujours aussi invraisemblable de pouvoir survivre dans un environnement pareil!

La vie de certaines personnes est vraiment irréel…

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