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Nous décidons de passer les derniers jours qui nous restent dans le petit village de pêcheur que nous avions découvert à notre arrivée.
Nous imaginons nous reposer quelques jours avant de prendre l’avion. Mais nous rencontrons une équipe de pêcheurs de notre âge et nous nous lions d’amitié avec eux…
Ils viennent nous voir chaque jours car ils aiment parler l’anglais et veulent s’améliorer dans la langue de Shakespeare.
Chaque nuit (sauf le dimanche), ils partent à la pêche à deux sur une petite barque en fibre de verre. Lorsque la pêche est bonne, ils vendent leurs poissons et gagnent parfois « beaucoup d’argent » (un bon jour peut rapporter jusqu’à cent Chf) mais lorsqu’elle est mauvaise, ils ne parviennent pas à payer l’essence pour leur bateau. Il n’ont pas d’assurance, ils font partis d’une communauté. Lorsque l’un gagnent beaucoup, il paye l’essence aux autres…
Il y a parfois des orages. Il nous racontent leur peur des éclaires. Un des jeunes nous explique avoir chaviré une fois (en pleine nuit, au milieu de l’océan). L’idée nous glace le sang, mais pour lui, le plus grave c’est d’avoir perdu son filet!
Ils nous raconte aussi leur vision de l’Europe. C’est pour eux un Eldorado, un paradis terrestre où tout le monde vit heureux. Il est difficile pour nous de leur expliquer que nous n’avons pas un travail aussi rude qu’eux, que nous pouvons nous permettre de voyager pour notre simple plaisir, que nous ne nous faisons pas réellement de soucis pour savoir ce que nous mangerons demain mais que ce n’est pas ce qu’ils imaginent. Que les gens gagnent plus d’argent mais en dépensent aussi beaucoup plus, que le stress contrôle nos vies, que les gens chez nous ne prennent pas le temps de se regarder, de se parler, que la vie est moins humaine…
Malgré cela, tous rêvent d’un jour pouvoir vivre dans un pays « développé ». Certains attendent désespérément de pouvoir se marier avec une européenne. D’autres, bravant la mer et ses dangers sont partis sur une petite barque et ont traversé les océans pour atterrir en Australie (mais se sont fait refouler à leur arrivée). L’un d’eux est resté trois jours en transit à Dubaï en espérant pouvoir aller jusqu’en Italie, mais sans succès. Et un autre a payé un faux visa une sommes astronomique (à crédit) pour aller en France.
Il nous décrit alors la difficulté, la solitude, la recherche interminable d’emploi lorsque l’on a pas de papiers, la peur… Il y est resté deux ans mais n’a pu travailler que six mois. Il est rentré dans son pays avec 50 euros dans la poche. C’est tout ce qu’il a pu économiser…
Et malgré cela, aujourd’hui il rêve que ses filles puissent partir étudier à l’étranger (ce qui donnerait un visa à toute la famille)!
Ce sont des histoires de vie poignantes, émouvantes. Mais même si ils n’ont que peu de moyens et qu’ils sont à la recherche d’une vie « meilleure » ils sont d’une générosité sans limite.
Au moment de partir, ils refusent que nous prenions le bus pour aller à l’aéroport. Ils se cotisent et nous payent un tuk tuk…
Il y a tant d’émotion dans nos tête et dans nos cœur que nous ne nous disons pas un mot jusqu’à l’aéroport…
Nous voulions juste nous reposer quelques jours dans un petit village de pêcheur mais cela s’est transformé en une grande leçon de vie. Nous avons tellement reçu, tellement appris que nos vie en serons changées à jamais…
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